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Critique – No Pasarán

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Que peut-on bien encore espérer d’une histoire mettant en scène trois adolescents aux prises avec un mystérieux jeu vidéo ? Dans Endgame, dernier volume de la…

Que peut-on bien encore espérer d’une histoire mettant en scène trois adolescents aux prises avec un mystérieux jeu vidéo ? Dans Endgame, dernier volume de la trilogie No Pasarán qui sort seize ans après son commencement, Christian Lehmann clôt le voyage virtuel et initiatique d’Eric, Thierry et Andreas. Le roman tisse une véritable réflexion qui parvient rapidement à s’élever hors du cadre vidéoludique pour aborder les thèmes finalement universels de la guerre, de l’amour, mais aussi de la peur et de la haine qu’elle engendre.

Andreas, Thierry et Eric achètent l’Expérience Ultime, disquette (le premier livre de la trilogie date de 1996 !) qui se révèle être bien plus qu’un simple jeu vidéo. Le titre, qui se montre capable d’une extrême sauvagerie (on pense à Doom ,cité dans le roman) comme d’une implacable stratégie les plonge dans un univers qui se révèle aussi dur et humain que la réalité.Quittant le monde de l’enfance pour celui, douloureux, des adultes, ils comprendront alors que le jeu n’en est plus un, et qu’ils n’ont d’autre choix que d’aller jusqu’au bout.

Si l’Expérience Ultime remet en question les convictions et les personnalités des héros, allant jusqu’à menacer leurs vies, elle n’épargne pas non plus les idéaux du lecteur qui accepte de s’y soumettre. No Pasarán pose en effet des questions complexes aux lecteurs (la peur de l’autre, le rejet des différences) sans jamais leur donner de réponse toute faite ou moralisatrice, offrant à la place des pistes de réflexion. Un exercice difficile que Christian Lehmann mène à bout de bras, soutenu par une galerie de personnages réalistes et diversifiée.

No Pasaràn est un livre essentiel. Non seulement parce qu’il se montre intransigeant avec son lecteur, mais surtout parce que son message est aussi simple que trop vite oublié : l’Histoire n’est que le reflet de l’humanité, et il ne tient qu’à nous d’apprendre de nos erreurs. Christian Lehmann désirait « viser haut et frapper fort ». Pari réussi.

Note : les deux premiers tomes de la trilogie sont désormais réunis en un seul volume dans une très belle réédition de L’école des loisirs. La première partie de l’adaptation de la trilogie en bande dessinée est quant à elle disponible chez Casterman.

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