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[TEST] The Crew – Ubisoft peine à passer la seconde [PC]

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Après les récentes polémiques qui ont entouré la sortie d’AC Unity, Ubisoft misait beaucoup sur The Crew pour rééquilibrer la balance de ses succès de cette…

Après les récentes polémiques qui ont entouré la sortie d’AC Unity, Ubisoft misait beaucoup sur The Crew pour rééquilibrer la balance de ses succès de cette fin d’année. Une charge qui pesait peut être un peu trop lourd sur les épaules du nouveau venu.

TheCrew 2014-12-05 16-17-55-98

Commençons par évacuer tout de suite la question de l’aspect technique, qui avait fait grand bruit s’agissant d’Assassin’s Creed Unity : à l’image de ce qu’avait annoncé dernièrement Serkan Hasan, designer en chef du projet, notre version PC du jeu s’est montrée quasi irréprochable : sur une carte graphique milieu de gamme (une Nvidia GeForce GTX 760), The Crew se montre à la fois fluide et visuellement superbe. La distance d’affichage des décors est impressionnante, de même que l’est la quantité d’animations qui viennent égayer chacun de nos road trip : animaux, changements climatiques, trafic routier, ambiance sonore, rendu des dégâts du véhicule… Tout cela est réellement très réussi, et l’on en profite d’autant plus que les bugs sont peu nombreux. Tout juste relèvera-t-on quelques mouvements de caméras originaux lors de carambolages, ou de légers effets de téléportation sur les courses JcJ.

Ce sens de la juste finition, on le retrouve également dans l’ergonomie de jeu. Manette en main, les différents aspects de The Crew se pilotent très naturellement, la croix directionnelle permettant en conduite d’accéder à une sorte de menu smartphone très pratique, et qui ne sera pas sans rappeler celui d’un certain Watch Dogs (nous reviendrons d’ailleurs sur cette notion de recyclage un peu plus tard). Et la navigation au sein de cet univers américain gigantesque bénéficie du même soin : un système de voyage rapide a ainsi été intégré pour se déplacer dans les zones déjà découvertes, tandis que les aéroports et les gares ferroviaires permettent de changer d’Etat, sans avoir à se taper 15 à 20 minutes de conduite. Cette dernière possibilité ne sera toutefois pas si rebutante, tant les paysages restent, comme nous l’avons dit, variés et vivants.

TheCrew 2014-12-05 16-04-27-77

Vous l’aurez compris, sur la forme, Ubisoft et le studio Ivory Tower font un quasi sans-faute, et vous en venez naturellement à vous demander ce qui motive la relative froideur de notre introduction. La réponse est simple : à peu près tout le reste. En fait, si l’on devait résumer The Crew en une phrase, nous dirions qu’à force d’avoir voulu offrir à leur jeu de course un parc d’attractions unique autant par sa taille, que par sa richesse, les développeurs en ont oublié le principal : faire un jeu de course, tout bêtement. Et à ce titre, The Crew, malgré toutes les activités qu’il contient, devient assez vite ennuyeux. La faute, pour commencer, à cette intrigue, qui non content de surfer sur le thème ultra usé du repris de justice innocent qui cherche à se venger, va se retrouver complétement diluée dans la masse des défis et des voyages nécessaires pour se rendre d’un point à un autre.

Dans le même registre, les courses, celles que l’on espérait nerveuses et enlevées, sont aux abonnés absents, souffrant un peu du même syndrome que l’intrigue : elles ne représenteront finalement qu’une faible partie du contenu, là où elles auraient dû être majoritaires, et elles manquent cruellement de fun : très peu de raccourcis possibles, pas d’événements pour venir modifier un peu l’architecture des parcours, et une IA qui semble taillée pour maintenir une pression constante, ce qui serait génial, si cela ne se faisait pas au détriment de toute logique de conduite. La chose est d’ailleurs frappante sur les défis les plus longs, où l’on peut passer dix minutes à enchaîner les drifts parfaits, et se faire fumer par deux concurrents sortis de nulle part, et que l’on croyait distancés l’instant précédent. Quant aux sensations de pilotage, elles seront extrêmement variables, selon votre destrier. La Ford Focus, quel que soit son niveau de personnalisation, vous donnera l’impression de piloter un poids lourd, tandis que la Nissan 370Z saura se montrer plus agréable… Mais elle est bien entendu plus chère (là aussi, nous allons y revenir).

TheCrew 2014-12-05 15-55-27-73

Au-delà de ça, c’est tout le système de progression qui mériterait un gros coup d’équilibrage, voire, une refonte. La multiplication des activités annexes vous propulse en effet très rapidement à des niveaux d’expérience et de véhicules bien supérieurs à ceux qui vous seront demandés par la plupart des missions scénarisées. Et même si, comme nous l’avons souligné plus haut, l’IA tentera de s’adapter, le challenge restera trop accessible pour susciter l’intérêt. Et les choses se compliqueront encore si vous décidez d’attaquer la partie multijoueur. Dans ces joutes motorisées, la moindre course, même perdue, vous rapportera 6 à 7 fois plus d’expérience et d’argent que les missions classiques. Des gains rendus par ailleurs vite frustrants, en raison d’un matchmaking qui vous fera croiser des adversaires de tous niveaux, dans des courses souvent jouées d’avance.

Enfin, terminons cette revue de rendez-vous manqués par l’aspect tuning, qui restera un peu trop liée à la notion de monétisation à notre goût. Les belles voitures sont chères, très chères, comme le seront de nombreuses options esthétiques ou liées à la performance du véhicule. Des coûts élevés qui limiteront, encore une fois, l’intérêt du titre, par rapport aux références qu’ont pu être certains épisodes de la licence Need For Speed. Pire : les équipements disponibles dans The Crew étant accessibles aussi bien via la monnaie du jeu, que via des euros sonnants et trébuchants, il est difficile de ne pas imaginer dans cette orientation une manière de placer l’intérêt économique au-dessus de celui du joueur.

Et là, tout est dit : devant un argumentaire aussi contrasté, on comprend vite que The Crew aura bien du mal à sortir du lot des titres moyens. Mais plus inquiétant : il révèle une certaine difficulté d’Ubisoft et de ses équipes à sortir de l’univers vidéoludique qu’ils ont peu à peu construit autour de leurs différents jeux triple-A. Nous vous parlions ainsi du smartphone de Watch Dogs, mais il y a aussi du Assassins’s Creed dans ce The Crew. Dans cette manière de faire du remplissage, et de nous submerger d’objectifs ou de défis annexes. Ou dans ce système d’exploration qui nous incite à monter sur la cime des bâti… pardon… à trouver des antennes radars, pour débloquer des points d’intérêt. Et finalement, à force de recycler à toutes les sauces les mêmes mécaniques de jeu, la firme française pourrait bien s’enfermer dans une espèce de zone de confort, qui conduirait, outre à l’usure de ses licences, à une incapacité chronique d’en imposer de nouvelles.

TheCrew 2014-12-04 10-38-31-71

Avec The Crew, Ubisoft et Ivory Tower ambitionnaient de nous offrir une Amérique superbe, variée, et riche en défis et missions de toute sorte. Problème : à force de tout miser sur la forme, ils en ont complètement oublié le fond, à savoir, faire en sorte que leur jeu de course reste fun et rythmé. The Crew s’enlise ainsi vite dans des routines d’exploration répétitives, et des équilibrages douteux, et si un abandon de la licence paraît peu probable, elle devra faire preuve bien de plus d’audace pour convaincre.

The Crew, entre 45 et 60 euros sur PC, Xbox 360, Xbox One et PS4 (Uplay obligatoire)

Après les récentes polémiques qui ont entouré la sortie d’AC Unity, Ubisoft misait beaucoup sur The Crew pour rééquilibrer la balance de ses succès de cette fin d’année. Une charge qui pesait peut être un peu trop lourd sur les épaules du nouveau venu.

TheCrew 2014-12-05 16-17-55-98

Commençons par évacuer tout de suite la question de l’aspect technique, qui avait fait grand bruit s’agissant d’Assassin’s Creed Unity : à l’image de ce qu’avait annoncé dernièrement Serkan Hasan, designer en chef du projet, notre version PC du jeu s’est montrée quasi irréprochable : sur une carte graphique milieu de gamme (une Nvidia GeForce GTX 760), The Crew se montre à la fois fluide et visuellement superbe. La distance d’affichage des décors est impressionnante, de même que l’est la quantité d’animations qui viennent égayer chacun de nos road trip : animaux, changements climatiques, trafic routier, ambiance sonore, rendu des dégâts du véhicule… Tout cela est réellement très réussi, et l’on en profite d’autant plus que les bugs sont peu nombreux. Tout juste relèvera-t-on quelques mouvements de caméras originaux lors de carambolages, ou de légers effets de téléportation sur les courses JcJ.

Ce sens de la juste finition, on le retrouve également dans l’ergonomie de jeu. Manette en main, les différents aspects de The Crew se pilotent très naturellement, la croix directionnelle permettant en conduite d’accéder à une sorte de menu smartphone très pratique, et qui ne sera pas sans rappeler celui d’un certain Watch Dogs (nous reviendrons d’ailleurs sur cette notion de recyclage un peu plus tard). Et la navigation au sein de cet univers américain gigantesque bénéficie du même soin : un système de voyage rapide a ainsi été intégré pour se déplacer dans les zones déjà découvertes, tandis que les aéroports et les gares ferroviaires permettent de changer d’Etat, sans avoir à se taper 15 à 20 minutes de conduite. Cette dernière possibilité ne sera toutefois pas si rebutante, tant les paysages restent, comme nous l’avons dit, variés et vivants.

TheCrew 2014-12-05 16-04-27-77

Vous l’aurez compris, sur la forme, Ubisoft et le studio Ivory Tower font un quasi sans-faute, et vous en venez naturellement à vous demander ce qui motive la relative froideur de notre introduction. La réponse est simple : à peu près tout le reste. En fait, si l’on devait résumer The Crew en une phrase, nous dirions qu’à force d’avoir voulu offrir à leur jeu de course un parc d’attractions unique autant par sa taille, que par sa richesse, les développeurs en ont oublié le principal : faire un jeu de course, tout bêtement. Et à ce titre, The Crew, malgré toutes les activités qu’il contient, devient assez vite ennuyeux. La faute, pour commencer, à cette intrigue, qui non content de surfer sur le thème ultra usé du repris de justice innocent qui cherche à se venger, va se retrouver complétement diluée dans la masse des défis et des voyages nécessaires pour se rendre d’un point à un autre.

Dans le même registre, les courses, celles que l’on espérait nerveuses et enlevées, sont aux abonnés absents, souffrant un peu du même syndrome que l’intrigue : elles ne représenteront finalement qu’une faible partie du contenu, là où elles auraient dû être majoritaires, et elles manquent cruellement de fun : très peu de raccourcis possibles, pas d’événements pour venir modifier un peu l’architecture des parcours, et une IA qui semble taillée pour maintenir une pression constante, ce qui serait génial, si cela ne se faisait pas au détriment de toute logique de conduite. La chose est d’ailleurs frappante sur les défis les plus longs, où l’on peut passer dix minutes à enchaîner les drifts parfaits, et se faire fumer par deux concurrents sortis de nulle part, et que l’on croyait distancés l’instant précédent. Quant aux sensations de pilotage, elles seront extrêmement variables, selon votre destrier. La Ford Focus, quel que soit son niveau de personnalisation, vous donnera l’impression de piloter un poids lourd, tandis que la Nissan 370Z saura se montrer plus agréable… Mais elle est bien entendu plus chère (là aussi, nous allons y revenir).

TheCrew 2014-12-05 15-55-27-73

Au-delà de ça, c’est tout le système de progression qui mériterait un gros coup d’équilibrage, voire, une refonte. La multiplication des activités annexes vous propulse en effet très rapidement à des niveaux d’expérience et de véhicules bien supérieurs à ceux qui vous seront demandés par la plupart des missions scénarisées. Et même si, comme nous l’avons souligné plus haut, l’IA tentera de s’adapter, le challenge restera trop accessible pour susciter l’intérêt. Et les choses se compliqueront encore si vous décidez d’attaquer la partie multijoueur. Dans ces joutes motorisées, la moindre course, même perdue, vous rapportera 6 à 7 fois plus d’expérience et d’argent que les missions classiques. Des gains rendus par ailleurs vite frustrants, en raison d’un matchmaking qui vous fera croiser des adversaires de tous niveaux, dans des courses souvent jouées d’avance.

Enfin, terminons cette revue de rendez-vous manqués par l’aspect tuning, qui restera un peu trop liée à la notion de monétisation à notre goût. Les belles voitures sont chères, très chères, comme le seront de nombreuses options esthétiques ou liées à la performance du véhicule. Des coûts élevés qui limiteront, encore une fois, l’intérêt du titre, par rapport aux références qu’ont pu être certains épisodes de la licence Need For Speed. Pire : les équipements disponibles dans The Crew étant accessibles aussi bien via la monnaie du jeu, que via des euros sonnants et trébuchants, il est difficile de ne pas imaginer dans cette orientation une manière de placer l’intérêt économique au-dessus de celui du joueur.

Et là, tout est dit : devant un argumentaire aussi contrasté, on comprend vite que The Crew aura bien du mal à sortir du lot des titres moyens. Mais plus inquiétant : il révèle une certaine difficulté d’Ubisoft et de ses équipes à sortir de l’univers vidéoludique qu’ils ont peu à peu construit autour de leurs différents jeux triple-A. Nous vous parlions ainsi du smartphone de Watch Dogs, mais il y a aussi du Assassins’s Creed dans ce The Crew. Dans cette manière de faire du remplissage, et de nous submerger d’objectifs ou de défis annexes. Ou dans ce système d’exploration qui nous incite à monter sur la cime des bâti… pardon… à trouver des antennes radars, pour débloquer des points d’intérêt. Et finalement, à force de recycler à toutes les sauces les mêmes mécaniques de jeu, la firme française pourrait bien s’enfermer dans une espèce de zone de confort, qui conduirait, outre à l’usure de ses licences, à une incapacité chronique d’en imposer de nouvelles.

TheCrew 2014-12-04 10-38-31-71

Avec The Crew, Ubisoft et Ivory Tower ambitionnaient de nous offrir une Amérique superbe, variée, et riche en défis et missions de toute sorte. Problème : à force de tout miser sur la forme, ils en ont complètement oublié le fond, à savoir, faire en sorte que leur jeu de course reste fun et rythmé. The Crew s’enlise ainsi vite dans des routines d’exploration répétitives, et des équilibrages douteux, et si un abandon de la licence paraît peu probable, elle devra faire preuve bien de plus d’audace pour convaincre.

The Crew, entre 45 et 60 euros sur PC, Xbox 360, Xbox One et PS4 (Uplay obligatoire)

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