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[Test] Resident Evil 7 – La mare aux cadavres

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Ce septième nouvel épisode chiffré de Resident Evil est sorti à une vitesse folle. Car sept, c’est également le nombre de mois qui se sont écoulés entre l’annonce du jeu et son arrivée sur les étals. Pas de reports, pas de polémiques, une gestion publique dans l’ombre, sans mise en avant excessive. Les équipes de Capcom ont laissé doucement monter les attentes en proposant régulièrement des démonstrations du jeu au téléchargement. Je vous le dis, d’un point de vue de journaliste qui traite toutes les convulsions de cette industrie, un tel calme autour d’un si gros jeu est plutôt rare et bienvenu.

C’est donc assez vierge de toute information – hormis la longue session qui a aboutie à mes impressions détaillées d’il y a quelques semaines – que je me suis lancé à corps perdu dans ce lugubre Resident Evil 7. En espérant bien sûr que la série aura réussi à renouer avec ses racines horrifiques qui lui auront tant manquées ces dernières années.

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Ba&you

Resident Evil 7 vous met dans la peau d’Ethan. On ne saura pas grand-chose de ce pauvre bougre sinon que sa femme, Mia, a disparu pendant 3 ans avant de réapparaitre dans une vidéo dans laquelle elle lui demande expressément de ne surtout pas venir la chercher. C’est donc tout naturellement qu’il décide de ne pas lui obéir et de partir sur le champ dans un coin sombre de la Louisiane pour la retrouver. Arrivé sur place, dans une vieille bicoque sur les marais où il suspecte que Mia est gardée prisonnière, il rencontrera la famille Baker par laquelle il se fera rapidement capturer. Ethan comprendra bien vite qu’avec leurs teints blafards, leurs comportements erratiques, leurs gouts exacerbés pour la violence, leur régime alimentaire basé sur de la viande en décomposition et leur capacité à soigner toute blessure en quelques secondes, les quatre membres de ce foyer sont dangereux et qu’il faudra éviter de les confronter.

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Dans la très grande demeure des Baker – un type de lieu résidentiel qui n’est pas sans rappeler le manoir du tout premier Resident Evil – vous déambulerez entre les ordures qui jonchent le sol et les vieilles affaires, derniers témoins d’une autre vie qui naguère a été normale pour les Baker. L’ambiance est vraie, lourde, palpable. Elle partage beaucoup avec feu-P.T, notamment dans le choix des éléments du décorum : vieilles photos, coupure de presse, meubles, affaires du quotidien, bouteilles vides et appareils électroménagers. C’est évidemment la décrépitude de cette maison familiale, normalement un lieu rassurant et chaleureux, qui donne cette touche glauque particulièrement efficace. Le moteur utilisé, le fameux RE Engine, fait un boulot assez incroyable pour éclairer des textures détaillées avec soin et donner une patte vieillie au rendu graphique général. On a comme l’impression de jouer directement dans une photo polaroid délavée ou dans une vieille cassette VHS. Le moteur fait des merveilles et dispense le joueur de tout temps de chargement en jeu. Et je dis bien « en jeu », car au moment de le lancer, là, vous devrez attendre une minute trente à deux minutes avant de pouvoir profiter de l’expérience sans coupure.

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Et puisque l’on parle de VHS, sachez que certains passages se dérouleront littéralement à l’intérieur de cassettes que vous récolterez au fil de l’aventure. En les insérant dans des magnétoscopes dispersés un peu partout dans la bicoque, vous aurez la possibilité d’incarner, le temps d’une séquence complétement séparée, une autre personne qui s’est également retrouvée dans ce lieu dangereux. Ces passages qui rendent hommage au found footage sont le plus souvent facultatives d’un pur point de vue de game design. Mais si vous ne les faites pas, vous risquez de passer à côté d’informations cruciales sur la suite de l’aventure. Comme l’emplacement d’un objet, d’un interrupteur secret ou d’un piège mortel. Un choix particulièrement intelligent qui indique de manière douce au joueur la marche à suivre, mais à la toute fin, c’est à lui de faire ses propres déductions.

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La jouabilité à la première personne permet d’ailleurs de mettre en avant cet aspect « enquête ». On se penche, on ouvre les placards, on scrute le moindre indice… Il y a de vraies séquences où l’action se met en pause et où on essaye tout simplement de comprendre comment avancer. Le jeu permettra d’ailleurs d’inspecter en détail de – trop rares – objets qu’il faudra tourner dans tous les sens pour en découvrir les secrets. Mention spéciale aux fouilles qu’il faudra faire pendant des phases de cache-cache avec les membres de la famille Baker qui vous traquent sans relâche. Une des recherches les plus angoissantes qu’il m’ait été donné de faire.

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Assez rapidement, on se trouvera en possession d’une arme à feu et il faudra évidemment commencer à protéger son intégrité physique autrement que par la fuite face aux monstres humanoïdes qui ponctueront votre périple. D’ailleurs, votre personnage est extrêmement lent et la poudre d’escampette seule ne sera pas toujours une bonne solution. Le jeu propose une parade qui, si elle n’empêche pas la perte sèche de points de vie (dont on ne voit d’ailleurs pas le décompté précis, ajoutant à l’angoisse ambiante), en réduit considérablement l’amplitude. Le joueur aura ainsi le choix devant un monstre qui lève le bras : se résoudre à perdre un peu de vie, mais s’assurer une opportunité d’attaque ou de fuite après l’offensive.

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La gestion des ressources par le jeu est tout droit héritée des précédents épisodes de la série. Les développeurs vous donnent constamment l’impression d’être dans le manque de quelque chose. Manque d’objets de soin, manque de munitions, manque de place dans le sac, manque de produits chimiques… Car oui, nouveauté de ce Resident Evil : le produit chimique. Il pourrait s’apparenter à une herbe rouge universelle, c’est-à-dire inutilisable tel quel, mais qui peut être combiné avec une grande variété d’éléments. Ainsi, un produit chimique associé à une herbe verte vous donnera un onguent bien plus efficace. Mélangé à de la poudre à canon, vous pourrez en faire des munitions de fortune. Combiné à un combustible solide, il pourra nourrir votre lance-flamme. Ajouté à des médicaments, il se transformera en une drogue qui stimulera vos sens et vous permettra de repérer les objets bien plus efficacement. Ces psychotropes aideront même les plus curieux à mettre la main sur des pièces anciennes, monnaie d’échange contre des améliorations permanentes.

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Pas innovant ? Pas grave.

Il faut bien le reconnaître cependant, tout semble un peu vieux jeu dans ce Resident Evil 7. Des déplacements raides aux boss téléphonés, des morts abruptes aux allers-retours répétitifs dans le but de sauvegarder au moindre ennemi abattu, de la gestion rigide des menus au scénario plaisant mais très classique. On ne pourra pas porter aux nues ce nouvel opus pour ses prises de risques, cependant, est-ce réellement un défaut quand on voit que le jeu réussit pratiquement tout ce qu’il entreprend sans sortir de sa zone de confort ? Car c’est de ça dont il s’agit. Un confort, des codes pratiqués depuis des années, des petits désagréments qu’on connait tellement par cœur qu’on s’en accommode volontiers.

Les développeurs ne s’y trompent d’ailleurs pas et multiplient régulièrement les clins d’œil. Certains design de monstres vous en rappelleront d’autres que vous aurez croisés dans d’anciens jeux de la saga, certaines énigmes font directement références à des épisodes antérieurs et des documents éparpillés dans les environnements connecteront le jeu avec le lore, tout en conservant un certain aspect hermétique dans sa structure narrative. Vous n’aurez ainsi pas besoin de connaître toutes les circonvolutions du scénario de la série pour apprécier celui de cet épisode. Petit bémol cependant sur le rythme général, pas toujours très bien maîtrise. On le voit particulièrement sur le dernier quart du jeu, où on sent bien que le temps a manqué aux développeurs. Cela est d’ailleurs confirmé par la sortie ce printemps d’un DLC scénaristique gratuit qui apportera un peu de rab à ceux qui ont ressenti ce petit sentiment d’inachevé à l’issue des 13 à 14 heures qui vous seront demandés pour terminer le jeu.

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Notre avis

Résolue à retrouver les aspects horrifiques de ses débuts avec ce septième épisode, la série Resident Evil n'a pas cherché midi à quatorze heures. Elle propose une jouabilité classique, posée sur un scénario classique, avec des mécaniques de jeu classiques. Cela n’empêche pas le titre d’être maîtrisé la majeure partie du temps et de procurer un véritable plaisir « à l’ancienne » à quiconque souhaite se payer une bonne tranche d’effroi. Certes, Resident Evil 7 ne sera pas une révolution comme l’a été l’épisode originel ou Resident Evil 4, mais la voie qu’il prend reste mille fois préférable à celle empruntée par le 5 et le 6. L’ambiance proposée reste quoi qu’on en dise mémorable et les amateurs devraient se précipiter sur cette très bonne expérience horrifique qui remplit parfaitement son contrat.
Note : 7.5  /  10
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