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Valve va euthanasier Steam Greenlight. Qu’est-ce que ça signifie concrètement pour l’avenir du jeu vidéo sur PC ?

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En service depuis le 20 août 2012, Steam Greenlight permettait aux utilisateurs de « pousser » un jeu sur le catalogue Steam grâce à un système d’approbation populaire. Opaque et difficilement compréhensible, il tirera sa révérence ce printemps au profit d’un nouveau système, plus simple, basé sur le paiement d’un ticket d’entrée dont le tarif n’a pas encore été décidé.

Steam Greenlight

La plupart des plateformes de distribution de jeux dématérialisés populaires comme Steam font toujours face au même dilemme. Comment faire pour laisser la porte ouverte aux petits développeurs sérieux sans éditeurs sans faire entrer une flopée de shovelware (petits jeux de piètre qualité, extrêmement rapides à produire) qui viendraient polluer le catalogue ? Évidemment, la solution idéale serait un comité de sélection qui trierait le bon grain de l’ivraie, mais avec plus de 4 200 jeux publiés sur Steam en 2016, un nombre de candidatures forcément beaucoup plus grand et le temps non négligeable qu’il faut pour savoir si un jeu vidéo respecte les standards de qualité de la plateforme, de nombreux moyens devraient être mis en place pour réussir une telle mission.

C’est pourquoi Steam essaye depuis plusieurs années de mettre en place une solution automatisée. C’était l’objectif initial de Steam Greenlight, ouvert depuis le 20 août 2012. Le principe est simple, les développeurs qui ne bénéficiaient pas du soutien d’un éditeur pouvaient, à la place, demander celui des joueurs pour prouver qu’ils étaient bien des prétendants sérieux à une place sur le catalogue. Il suffisait alors de créer une page qui réunissait des images, des vidéos, une description du concept du jeu et si les joueurs étaient enthousiastes, ils pouvaient alors mettre « un pouce bleu » en indiquant que « oui, ils achèteraient ce jeu s’il était disponible sur Steam ».

De nombreux jeux ont ainsi pu être publiés, mais le système était d’une opacité crasse. Personne ne savait quel était le seuil d’approbation pour être publié et le système ne semblait pas empêcher la prolifération de jeux de piètre qualité dont le but était simplement de soutirer de l’argent à des utilisateurs mal renseignés. Pour toutes ces raisons, Greenlight a souvent été sous le feu des critiques. Ses imperfections et le simple fait qu’il n’arrivait pas à remplir sa mission ont poussé Valve à tout remettre à plat et à proposer ce week-end son arrêt définitif et son remplacement par un nouveau système, le Steam Direct. Ce dernier arrivera durant le printemps.

steam

Steam Direct : pour vendre, il faut payer

Il consistera en un ticket d’entrée à payer par le développeur, remboursable sous certaines conditions d’après Valve. Un principe simple qui permet de réduire le bruit, en effet, un développeur de shovelware ne s’amusera pas à inonder le marché si ça lui coûte 1 000 dollars par jeu. Toutefois, il s’agit aussi d’une difficulté supplémentaire pour les projets d’étudiants, pas très fortunés, ou les développeurs issus de pays un peu moins développés que les autres. Pour l’instant, aucun tarif définitif n’a été annoncé et seule une fourchette de 100 à 5 000 dollars a été évoquée par Valve. Le bas de la fourchette est d’ailleurs intéressant, car il s’agit de la somme demandée annuellement par Apple pour maintenir un compte développeur. La plus grande différence entre les deux systèmes, c’est qu’Apple a un système de contrôle qualité bien plus important et que tout n’est pas automatisé.

Sergey Galyonkin, le taulier du formidable site Steam Spy, a d’ores et déjà réagi à cette décision de Valve. Pour lui, ce nouveau système devrait pouvoir évacuer les shovelware, au moins pour un temps, mais rappelle que 5 000 dollars n’est pas une somme anodine, surtout dans certains pays en voie de développement.

« Pour remettre 5 000 dollars dans la perspective des pays en voie de développement, j’ai acheté un F2 en Ukraine pour 3 000 dollars en 2002. »

Quelle solution pour les développeurs sans le sou ?

Galyonkin ne s’arrête d’ailleurs pas là et propose une autre solution, au moins pour les jeux payants. Il s’agirait d’un Steam Greenlight, mais au lieu de voter simplement en « mettant un pouce bleu », l’utilisateur devra précommander le jeu. Selon Galyonkin, les utilisateurs seraient moins enclins à soutenir un mauvais jeu si leur propre argent est dans la balance. Si le jeu ne réussit pas à rassembler une certaine somme ou si le jeu ne sort pas, l’argent est alors rendu. La différence avec le Kickstarter viendrait du fait que le développeur ne toucherait pas l’argent avant d’avoir sorti le jeu. Cela permettrait à Steam de s’assurer qu’un jeu bénéficie de suffisamment de ventes au moment de sa sortie tout en évacuant le problème des shovelware.

Au fur et à mesure que Steam grossit, l’impact que ses décisions peut avoir sur le marché du jeu vidéo PC grossit avec lui. Steam Direct réussira peut-être là ou Greenlight a échoué, mais au moins, même si ce n’est pas le cas, Valve aura toujours ce nouveau curseur sur lequel il peut jouer. Quant aux petits développeurs, il leur restera toujours la possibilité de trouver un de ces nombreux éditeurs qui prennent sous leurs ailes des jeux originaux et de petite ampleur. Des éditeurs comme Devolver, Plug-in Digital, Gambitious, Nicalis ou encore Adult Swim Games. Ces dernières années, ils ont tendance à se multiplier, ce qui améliore les chances pour de petits studios talentueux de saisir une opportunité d’édition et de ne plus avoir à se soucier de la manière dont ils seront distribués.

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