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[Test] Beyond : Two Souls, au-delà du jeu vidéo ?

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Depuis mercredi dernier, Beyond : Two Souls divise la critique et les joueurs. Le nouveau jeu de Quantic Dream est-il un des derniers grands titres de…

Depuis mercredi dernier, Beyond : Two Souls divise la critique et les joueurs. Le nouveau jeu de Quantic Dream est-il un des derniers grands titres de la Playstation 3 ?

Jodie Holmes va vivre son lot de galère.
Jodie Holmes va vivre son lot de galères.

Cela fait des années que le jeu vidéo s’inspire du cinéma, et l’évolution de nos machines n’a fait que renforcer cette liaison. En tant que très gros consommateur de film, les différentes initiatives de David Cage visant à rapprocher ces deux médias m’ont toujours attiré. Si Nomad Soul semble avoir fait mouche dans le cœur des joueurs, Farenheit, puis Heavy Rain ont marqué le début d’un certain dédain (ou d’une admiration) pour ce développeur. J’ai personnellement apprécié tous ces titres, que je trouvais novateurs sur bien des points.

Beyond : Two Souls continue à brouiller les pistes entre cinéma et jeu vidéo, et s’applique à nous en mettre plein la vue. On sent que Quantic Dream a puisé dans toutes les ressources de la console pour livrer un titre de très belle facture. Malgré un aliasing important, qui semble être la norme sur les derniers grands jeux de la PS3, le rendu est fin et les textures convaincantes. Les environnements sont variés et dépaysants. On sent que le tout a bénéficié d’un œil expert dans la photographie tant les plans sont soignés. Panoramiques, travellings, champs-contrechamp… les amateurs de cinéma prendront un malin plaisir à reconnaître toutes ces techniques inspirées des professionnels du 7e art. Oubliez la cathodique de mamie, Beyond : Two Souls est un soft qui nécessite un écran HD et une bonne installation sonore.

Mais la véritable force du jeu réside dans la motion capture des acteurs, qui a bénéficié du plus grand soin. Le titre de Quantic Dream dépasse The Last of Us ou L.A Noire de ce côté-là. Le faciès des acteurs, et la manière dont leur visage bouge force le respect. Les plus observateurs remarqueront des émotions subtiles, notamment sur le visage particulièrement émacié de Willem Dafoe. Ce procédé assez bluffant favorise beaucoup l’immersion et l’émotion. Regardez Madison, l’héroïne de Heavy Rain et vous comprendrez le chemin parcouru.

Vous suivrez Jodie tout au long de sa vie.
Vous suivrez Jodie pendant plus de quinze ans.

Le studio a opté pour une succession de flashbacks, afin de raconter l’existence tourmentée de Jodie Holmes (Ellen Page). Un procédé connu, mais pas désagréable, qui permet de passer de la petite enfance à l’âge adulte en un rien de temps. Mais le récit s’avère au final trop chaotique, et le joueur doit composer entre phase d’ennui et moment de bravoure. Pire encore, les actions insignifiantes sont parfois plus gratifiantes que les combats majeurs. On a d’ailleurs parfois bien du mal à trouver un liant entre les diverses influences cinématographiques qui ont inspiré le jeu. Le scénario mélange ainsi les pouvoirs surnaturels du 6e sens de Shyamalan, les créatures marines d’un Abyss ou les délires indiens d’Oliver Stone dans Tueurs-nés. Des références plutôt solides, mais qui ont bien du mal à cohabiter entre elles.

Pourtant, il arrive que ce film interactif fasse mouche. Certaines scènes, comme la rencontre avec un groupe de sans-abris ou la dernière heure (que nous ne dévoilerons pas) sont marquantes. Les seconds rôles ont visiblement pris leur travail à cœur puisque Cole, l’assistant du docteur Dawkins (Willem Dafoe) ou Stan, un des mendiants rencontrés dans la rue, sont aussi touchants que notre duo de star. On a cette vague impression que de bons acteurs participent à un film moyen. Ce qui n’était pas le cas dans Heavy Rain, qui avait l’intelligence de détourner l’attention du joueur vers la recherche d’un tueur en série. Quand on voit les moyens injectés dans un tel projet, on se dit que David Cage aurait dû engager quelqu’un pour fignoler son scénario. Ce qui aurait pu contrebalancer avec la vacuité totale du gameplay.

Willem Dafoe et Ellen Page sont vraiment convaincants.
Willem Dafoe et Ellen Page sont vraiment convaincants.

C’est là que le bât blesse. David Cage n’hésite pas à dire que cet aspect, simplifié à l’extrême, est censé ouvrir un nouvel horizon au jeu. Aucune indications ne s’affichent à l’écran et seul un point blanc permet de savoir si une interaction est possible. C’est encore plus minimaliste que les jeux précédents, qui indiquaient le mouvement à faire avec le stick. C’est intéressant, mais on se demande en revanche pourquoi le studio a décidé d’enlever les bonnes idées initiées dans Farenheit et Heavy Rain. Beyond : Two Souls, en plus de ne jamais sanctionner le joueur lors des QTE, ne propose plus ces choix rapides qui faisaient le sel des autres productions de Cage. Aider un commerçant, ou le laisser se faire braquer ? Résister ou céder à la drogue ? Ces décisions permettaient d’impliquer le joueur et les occulter est une vraie erreur. Le jeu tente de se rattraper sur des pseudo phases d’infiltration qui peinent à convaincre.

C’est d’autant plus frustrant qu’on sent que le genre a beaucoup à apporter, et qu’il ne semble pas impossible d’insérer un vrai gameplay à ce film interactif. Permettre d’explorer l’environnement, résoudre des énigmes, ou interagir avec des PNJ n’altèrerait pas la narration. Un tel jeu d’acteur bénéficierait énormément à des jeux d’horreur par exemple. Les quelques moments effrayants fonctionnent d’ailleurs plutôt bien. Bref, les possibilités sont énormes, et les ambitions de David Cage ne doivent pas lui faire oublier qu’une histoire réaliste et touchante n’est pas incompatible avec le fait de jouer.

David Cage continue sur sa lancée, et on espère sincèrement que d’autres acteurs s’immergeront dans de tels projets. Mais on ne peut pas impunément effacer toutes notions de gameplay, alors que le genre laissait place à beaucoup de possibilités. À trop vouloir faire les yeux doux au grand public, David Cage oublie l’ADN même du jeu vidéo, comme s’il estimait que seul le cinéma avait le monopole de l’émotion. En l’état, et malgré ses lourdeurs scénaristiques, Beyond : Two Souls est une expérience intéressante, que les amateurs de visual novel et des productions de Quantic Dream devraient essayer… au prix d’un bon Blu-Ray.

Depuis mercredi dernier, Beyond : Two Souls divise la critique et les joueurs. Le nouveau jeu de Quantic Dream est-il un des derniers grands titres de la Playstation 3 ?

Jodie Holmes va vivre son lot de galère.
Jodie Holmes va vivre son lot de galères.

Cela fait des années que le jeu vidéo s’inspire du cinéma, et l’évolution de nos machines n’a fait que renforcer cette liaison. En tant que très gros consommateur de film, les différentes initiatives de David Cage visant à rapprocher ces deux médias m’ont toujours attiré. Si Nomad Soul semble avoir fait mouche dans le cœur des joueurs, Farenheit, puis Heavy Rain ont marqué le début d’un certain dédain (ou d’une admiration) pour ce développeur. J’ai personnellement apprécié tous ces titres, que je trouvais novateurs sur bien des points.

Beyond : Two Souls continue à brouiller les pistes entre cinéma et jeu vidéo, et s’applique à nous en mettre plein la vue. On sent que Quantic Dream a puisé dans toutes les ressources de la console pour livrer un titre de très belle facture. Malgré un aliasing important, qui semble être la norme sur les derniers grands jeux de la PS3, le rendu est fin et les textures convaincantes. Les environnements sont variés et dépaysants. On sent que le tout a bénéficié d’un œil expert dans la photographie tant les plans sont soignés. Panoramiques, travellings, champs-contrechamp… les amateurs de cinéma prendront un malin plaisir à reconnaître toutes ces techniques inspirées des professionnels du 7e art. Oubliez la cathodique de mamie, Beyond : Two Souls est un soft qui nécessite un écran HD et une bonne installation sonore.

Mais la véritable force du jeu réside dans la motion capture des acteurs, qui a bénéficié du plus grand soin. Le titre de Quantic Dream dépasse The Last of Us ou L.A Noire de ce côté-là. Le faciès des acteurs, et la manière dont leur visage bouge force le respect. Les plus observateurs remarqueront des émotions subtiles, notamment sur le visage particulièrement émacié de Willem Dafoe. Ce procédé assez bluffant favorise beaucoup l’immersion et l’émotion. Regardez Madison, l’héroïne de Heavy Rain et vous comprendrez le chemin parcouru.

Vous suivrez Jodie tout au long de sa vie.
Vous suivrez Jodie pendant plus de quinze ans.

Le studio a opté pour une succession de flashbacks, afin de raconter l’existence tourmentée de Jodie Holmes (Ellen Page). Un procédé connu, mais pas désagréable, qui permet de passer de la petite enfance à l’âge adulte en un rien de temps. Mais le récit s’avère au final trop chaotique, et le joueur doit composer entre phase d’ennui et moment de bravoure. Pire encore, les actions insignifiantes sont parfois plus gratifiantes que les combats majeurs. On a d’ailleurs parfois bien du mal à trouver un liant entre les diverses influences cinématographiques qui ont inspiré le jeu. Le scénario mélange ainsi les pouvoirs surnaturels du 6e sens de Shyamalan, les créatures marines d’un Abyss ou les délires indiens d’Oliver Stone dans Tueurs-nés. Des références plutôt solides, mais qui ont bien du mal à cohabiter entre elles.

Pourtant, il arrive que ce film interactif fasse mouche. Certaines scènes, comme la rencontre avec un groupe de sans-abris ou la dernière heure (que nous ne dévoilerons pas) sont marquantes. Les seconds rôles ont visiblement pris leur travail à cœur puisque Cole, l’assistant du docteur Dawkins (Willem Dafoe) ou Stan, un des mendiants rencontrés dans la rue, sont aussi touchants que notre duo de star. On a cette vague impression que de bons acteurs participent à un film moyen. Ce qui n’était pas le cas dans Heavy Rain, qui avait l’intelligence de détourner l’attention du joueur vers la recherche d’un tueur en série. Quand on voit les moyens injectés dans un tel projet, on se dit que David Cage aurait dû engager quelqu’un pour fignoler son scénario. Ce qui aurait pu contrebalancer avec la vacuité totale du gameplay.

Willem Dafoe et Ellen Page sont vraiment convaincants.
Willem Dafoe et Ellen Page sont vraiment convaincants.

C’est là que le bât blesse. David Cage n’hésite pas à dire que cet aspect, simplifié à l’extrême, est censé ouvrir un nouvel horizon au jeu. Aucune indications ne s’affichent à l’écran et seul un point blanc permet de savoir si une interaction est possible. C’est encore plus minimaliste que les jeux précédents, qui indiquaient le mouvement à faire avec le stick. C’est intéressant, mais on se demande en revanche pourquoi le studio a décidé d’enlever les bonnes idées initiées dans Farenheit et Heavy Rain. Beyond : Two Souls, en plus de ne jamais sanctionner le joueur lors des QTE, ne propose plus ces choix rapides qui faisaient le sel des autres productions de Cage. Aider un commerçant, ou le laisser se faire braquer ? Résister ou céder à la drogue ? Ces décisions permettaient d’impliquer le joueur et les occulter est une vraie erreur. Le jeu tente de se rattraper sur des pseudo phases d’infiltration qui peinent à convaincre.

C’est d’autant plus frustrant qu’on sent que le genre a beaucoup à apporter, et qu’il ne semble pas impossible d’insérer un vrai gameplay à ce film interactif. Permettre d’explorer l’environnement, résoudre des énigmes, ou interagir avec des PNJ n’altèrerait pas la narration. Un tel jeu d’acteur bénéficierait énormément à des jeux d’horreur par exemple. Les quelques moments effrayants fonctionnent d’ailleurs plutôt bien. Bref, les possibilités sont énormes, et les ambitions de David Cage ne doivent pas lui faire oublier qu’une histoire réaliste et touchante n’est pas incompatible avec le fait de jouer.

David Cage continue sur sa lancée, et on espère sincèrement que d’autres acteurs s’immergeront dans de tels projets. Mais on ne peut pas impunément effacer toutes notions de gameplay, alors que le genre laissait place à beaucoup de possibilités. À trop vouloir faire les yeux doux au grand public, David Cage oublie l’ADN même du jeu vidéo, comme s’il estimait que seul le cinéma avait le monopole de l’émotion. En l’état, et malgré ses lourdeurs scénaristiques, Beyond : Two Souls est une expérience intéressante, que les amateurs de visual novel et des productions de Quantic Dream devraient essayer… au prix d’un bon Blu-Ray.

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